Une semaine de vacance – Daniel Charneux
Comme chaque année depuis que sa femme l’a quittée, Jean-Pierre Jouve (clin d’œil à Pierre-Jean Jouve dit l’auteur) passe, comme avant son mariage, ses vacances en visitant deux départements français : un au printemps et l’autre en automne pour éviter le flot des touristes qu’il n’apprécie pas du tout. Il aime le vide, la solitude, le calme, la marche…. Pour choisir sa destination, il lance à l’aveugle une fléchette sur une carte de France, en cette année, à l’approche de l’an 2000, sa fléchette se plante au cœur de la Creuse, près de Grand-Bourg, un village que je connais moi aussi pour avoir passé des vacances à proximité mais beaucoup plutôt.
Arrivé sur place, il gare sa voiture chez un autochtone et entreprend le périple qu’il a construit minutieusement : un heptagone ayant pour l’un des sommets Grand-bourg, village à partir duquel il commence et finit les sept jours de son parcours pédestre sur les sept côtés du polygone. Adepte de la randonnée pédestre, il aime découvrir des paysages, des monuments, des villages pittoresques et rencontrer des gens du pays qui lui racontent l’histoire, les mœurs, les légendes de leur coin de France profonde comme on la qualifie trop souvent.
Mais ce périple, c’est aussi l’occasion de revenir sur son passé, de réfléchir à ce qu’il a vécu, à ce qu’il aurait pu vivre, un genre d’introspection, l’occasion pour lui de remettre en cause tout ce qu’il a fait ou pas fait pour que sa vie ait été plus conforme à ce qu’il en attendait. Il ressasse sans cesse les raisons qui ont conduit sa femme à le quitter, il pense à ce qu’il a fait, à ce qu’il n’a pas fait, à ce qu’il a mal fait, à ce qu’elle a fait ou pas fait elle aussi… Il marche pour retrouver un peu d’espoir, une raison de vivre, pour croire encore à la possibilité de retrouver son ex-épouse.
Ainsi se déroule son voyage entre moments difficiles et moments d’allégresse comme son mariage s’est déroulé entre euphorie et désenchantement, entre amour et désamour. Plus la randonnée avance plus elle devient pénible comme son mariage s’est délité au fur et mesure du temps. Un voyage touristique, culturel, mythologique, religieux, onirique empreint d’amertume et d’aigreur.
Mais le marcheur narrateur, n’a pas tout raconté, son voyage a été beaucoup plus mouvementé qu’il ne l’a dit…, il a mal digéré son divorce, sa rancœur l’a poussé vers d’autres voies… La chute de cette histoire est pour le moins surprenante. La poésie du texte, sa musicalité renforcée par de nombreuses assonances n’en gomment pas pour autant la brutalité. Ce texte est aussi un conseil avisé à tous ceux qui croient résoudre leurs problèmes de couple par une rupture souvent mal préparée et insuffisamment réfléchie.
M.E.O.
Tentant… Il y a longtemps que je veux lire cet auteur, chaque livre semble m’appeler. Merci Denis <3
Je connais Daniel, c’est l’un des premiers céliens (membres de CritiquesLibres.com), je l’ai rencontré deux ou trois fois, il est très sympa.