L’Européelle – Gérard Leyzieux
A Kiev, en 1981, Yannis d’origine grecque tombe amoureux de Lydia, une belle Ukrainienne, ils sont las du régime et décide de renter en Grèce. Jean un étudiant français est lui aussi amoureux de Lydia qu’il abandonne quand il rentre en France à la fin de ses études. Dix ans plus tard, Jean se rend en Grèce pour une mission professionnelle, il espère rencontrer Lydia. Il se rend dans la famille de Yannis où il apprend qu’il est décédé depuis 10 ans, il s’est suicidé après le départ de Lydia pour une destination inconnue qui pourrait bien être la Bulgarie où elle a quelques amis. Jean s’y rend et y rencontre des personnes bienveillantes qui acceptent de l’aider dans ses recherches. Ensemble, ils progressent lentement sur la piste de Lydia, seule une vieille voyante semble pouvoir leur apporter quelques informations.
Cette histoire se déroule aux confins des grands empires russe, ottoman et autrichien qui bousculent au gré de leurs conflits les nombreux peuples d’Europe centrale qui fuient tantôt l’un, tantôt l’autre, de part et d’autre d’une frontière souvent très mouvante. Les parents de Yannis ont quitté la Grèce des colonels, Yannis et Lydia fuient à leur tour le régime soviétique, les amis de Jean supportent de moins en moins le régime bulgare et ainsi le chaudron de l’Europe centrale est toujours en ébullition. Lydia aurait peut-être tenté de quitter le régime bulgare pour essayer de rejoindre Jean à Paris ?
Mais, cette histoire n’est pas très cartésienne, des éléments la rendent un peu mystérieuse, ésotérique, sibylline… Une croix impossible de désolidariser de la chaîne qui la porte, symbole de fidélité sans doute, offerte par sa tante à Yannis pour qu’il la donne à Lydia, semble porter malheur à tous ceux qui ‘arborent. Elle se retrouve symboliquement dans de nombreux endroits que Lydia aurait pu fréquenter. Cette croix a été chargée de la magie ancestrale subsistant encore dans les montagnes de la Grèce du nord, par une vieille autochtone amie de la tante en question.
Dans ce texte, Gérard Leyzieux évoque toute la difficulté des peuples d’Europe centrale à vivre dans leur langue et leur culture aux confins des grands empires qui veulent imposer leur loi et leurs mœurs. Mais, ce texte est aussi une réflexion sur les limites de la science et la nécessité d’accepter qu’elle ne peut pas tout résoudre, qu’il existe des espaces qu’elle n’a pas encore explorés et qu’elle n’explorera peut-être jamais. L’homme ne serait peut-être pas le maître de tout, il devrait sans doute accepter ses limites.
Une histoire qui comporte encore une certaine part du romantisme qui a fortement marqué la culture et les mœurs en Europe centrale au XIX° siècle, un profonde réflexion géopolitique et une évocation de la limite de la réflexion scientifique.
Editions Stellamaris