La jeune captive – Christian Charrière-Bournazel
Pour cet opus, Marie Romaine Panié a fait appel une nouvelle fois à un homme de droit, un ancien bâtonnier du Barreau de Paris, notamment, qui propose pour cet ouvrage deux courts romans évoquant tous les deux l’amour impossible. Dans le premier texte, l’auteur raconte l’histoire d’un avocat qui défend gracieusement la cause d’une jeune fille impliquée à son insu dans un chantage à l’enlèvement avec séquestration. Il prend plaisir a visiter la jeune fille à la prison et à lui construire une solide défense qui lui permet d’obtenir une condamnation symbolique. Après le procès, il continue à voir la jeune fille, l’emmène au restaurant, au théâtre, dans des réceptions toujours dans des endroits chics. Il est de plus en plus attiré par la fille, en devient fou amoureux, quitte sa famille et lui propose de vivre avec lui ce qu’elle refuse prétextant la différence d’âge notamment. Le désespoir s’abat sur lui , il pense même au suicide. Il est tombé dans le piège qu’il craignait de voir se refermer sur lui un jour. « …je redoutais pour moi-même un de ces accidents du cœur dont j’vais mesuré au hasard des affaires les ravages irréparables. ».
Le second texte évoque l’amour incestueux d’un jeune homme pour sa cousine germaine ; Il est avocat comme le sont, depuis plusieurs générations, ses prédécesseurs dans son arbre généalogique. Elle, elle veut secourir ceux qui souffrent, elle devient infirmière dans l’hôpital que son père dirige. Leur amour les dévore, ils sont discrets, peu loquaces, timides, ne se parlent que peu mais s’aiment très fort. Tellement fort qu’un jour la belle se retrouve enceinte. C’est un véritable cataclysme pour cette famille très religieuse dont la mère est même très bigote, le scandale est évité de justesse par une fausse-couche opportune de la jeune fille. Les amants sont séparés, Henry, le cousin, épouse Marthe qui lui apporte la dote nécessaire à son installation. Les deux amoureux traversent, chacun de son côté, une guerre avec beaucoup de deuils familiaux puis, vingt ans plus tard, une nouvelle guerre avec d’autres douleurs. Ce n’est que fort tard que chacun append le destin de l’autre : Henry veuf ayant aussi perdu des enfants et Anne-Marie, l’infirmière devenue carmélite. Grâce à la sœur tourière du carmel d’Anne-Marie, ils peuvent vivre un amour à distance sans jamais se voir…, comme de nombreux amoureux d’aujourd’hui avec les réseaux sociaux.
En lisant ces textes d’une fort belle écriture très classique, enrichis de très belles références à de nombreuses grandes œuvres littéraires, je me suis retrouvé dans les grands textes romantiques que je lisais quand je n’étais encore qu’un jeune lecteur déjà passionné par les livres. Mais, j’ai surtout eu l’impression que l’auteur à pris un grand plaisir à sonder les cœurs des amoureux incapables de lutter contre les sentiments qui leur étaient interdits, se laissant consumer dans des brasiers qu’ils ne savaient pas, qu’ils ne voulaient pas, éteindre. Et, si ce texte, n’était pour l’auteur qu’un plaisir plein de sensualité d’écrire des histoires d’amour impossible chamboulant les cœurs ; une jubilation littéraire ; un exutoire à tous les tourments exposés dans les prétoires qu’il a fréquentés au cours de sa longue carrière professionnelle.
Editions Marie Romaine