L’hôte de Noël – Selma Lagerlöf
Dans la collection Mikrôs classique des Editions de l’Aube, Julie Maillard a eu l’excellente idée de réunir quatre contes de Noël écrits par Selma Lagerlöf la première femme distinguée par le Prix Nobel de littérature. L’occasion pour moi de relire l’auteure de « L’empereur du Portugal » qui m’avait tellement enchanté il y a déjà bien longtemps.
Dans ce recueil, Julie a rassemblé des contes de Noël inspirés par les vieilles légendes nordiques mais aussi fortement marqués par le piétisme qui a laissé une empreinte prégnante dans la religion, la culture et la littérature nordiques, surtout suédoises en l’occurrence. On retrouve dans ces contes la notion de faute qu’il faut pardonner, de justice qu’il faut appliquer pour ceux qui jugent et accepter pour ceux qui ont commis la faute. Cette chaîne : faute, justice, sentence, pardon qu’on retrouve souvent dans la littérature nordique.
Le premier conte est comme une nativité revisitée qui met en scène un couple avec son enfant dans le désert. Ils vont mourir de soif mais l’enfant fait preuve d’une force surnaturelle et trouve la solution qui permettra à la petite de famille d’échapper à la mort. Comme le Christ a sauvé ses parents en les obligeant à quitter leur domicile menacé.
Dans le deuxième, conte deux proscrits, un voleur et un assassin se retrouvent au creux d’une forêt austère, Ils sont l’opposé l’un de l’autre. L’assassin n’a aucun scrupule alors que le jeune voleur l’incite à se rendre pour que justice soit faite, l’assassin refuse, alors le jeune homme inflige lui-même la justice demandée par Dieu. Faute, justice, sentence, pardon, la chaîne est toujours bien présente dans le texte.
Le troisième conte met en scène un jeune accordeur d’instruments de musique qui, la vieille de Noël, ne trouve aucun emploi, personne ne souhaita voir un étranger à sa table surtout si c’est un ivrogne invétéré. Cependant, la femme d’un maître, plus charitable que d’autres, lui offre une place à sa table et lui propose un emploi dans sa maisonnée. Dans ce texte, il est surtout question d’humilité et de charité, deux vertus elles aussi très présentes dans le piétisme.
Dans le quatrième et dernier texte de ce recueil, il est aussi question d’humilité associée cette fois à la piété. Des moines ne voulant par reconnaitre la splendeur du jardin de Noël de la forêt profonde, leur supérieur, malgré sa santé précaire, décide de constater cette splendeur de ses propres yeux au risque de perdre sa vie… Les moines devront reconnaître leur arrogance et donner leur pardon aux miséreux qu’ils avaient éconduits.
L’Empereur du Portugal aurait pu roder au creux de ses contes…
L’Aube