Viens, je t’emmène – Iocasta Huppen
Après avoir édité, chez le même éditeur, un superbe recueil, « Maison d’été », illustré par la même artiste, Iocasta publie un nouveau recueil de poésie, toujours chez le même éditeur et toujours avec la même illustratrice. Il se présente commun abécédaire comportant bien évidemment les vingt-six lettres de notre alphabet dessinées comme des enluminures des temps modernes par Justine. Chaque lettre est représentée par un dessin qui évoque aussi autre chose : un objet, un animal, un paysage, un personnage, … Ainsi la lettre « J » est représentée sous la forme d’une route bordée de platane, le « P », par un demi-parapluie abritant un frais herbage, le « S » par un joli ru en forme d’anguille et ainsi de suite pour chacune des lettres.
Ce recueil est comme son titre l’indique, une invitation au voyage, à chacune des lettres est associée une dizaine de poèmes de quelques lignes, (environ six à douze) et quelques dessins aux couleurs chatoyantes de l’illustratrice. Chaque lettre est dédiée à un lieu particulier, le « A » rime avec Auckland, la ville réputée pour sa pollution.
« … / La rudesse et la douceur réunies / Avec le cœur lourd je vous dirais, habitants d‘Auckland, / Ne polluez plus cette terre sacrée ! / Danses et chants doivent encore s’entendre d’une île à l’autre ».
Le « B » avec Bellac, là où Iocasta aime passer ses vacances.
« Bien contente de te retrouver ! / Encore un été avec toi, chère contrée / ».
Le « C » avec Copenhague et sa Petite Sirène.
« … / Grand nombre d’espaces verts puis, / Une légende, celle de l’île créée par la déesse Gefion / Et pour finir, qui d’autre que la Petite Sirène ? ».
Ce voyage poétique comporte des poèmes dédiés à chaque ville associée à son initiale ou concernant l’environnement dans lequel vit la cité en question. Comme souvent chez Iocasta, les sujets abordés sont légers, heureux, frais, iréniques, et, si nécessaire quand les thèmes évoqués sont plus douloureux, pleins de résilience et d’acceptation. Ces impressions se retrouvent dans son langage qui transporte le lecteur non seulement sur le globe mais aussi dans un monde plein de sérénité, d’espoir et de joie de vivre.
Les contraintes alphabétiques et géographiques ne sont pas les seules que Iocasta se soient imposées, comme une oulipienne chevronnée, elle a choisi aussi de construire avec chacun des vers de ses poèmes un acrostiche. Par exemple, pour la lettre « F », elle a choisi le mot « Fumée » écrit avec cet acrostiche :
« Fabuleux, / Unique, / Magnifique, / Epoustouflant, / Enlumineur été dans la baie du volcan » (Pour des raisons rédactionnelles, j’ai choisi pour exemple l’un des plus courts poèmes, en principe les autres sont un peu plus longs, construits avec des vers eux aussi plus longs).
Ce recueil tout en couleur comporte évidemment des poèmes et de superbes illustrations, c’est aussi un gisement de mots rares et de références mythologiques. Une pléthore de notes, en bas de chaque page, complète le texte, un magnifique bouquet de couleur et de fraîcheur en même temps qu’un exercice littéraire de haute volée. Et pour compléter ce superbe recueil, l’éditeur et l’auteur ont choisi d’insérer dans l’ouvrage une admirable affiche représentant toutes les lettres figurant dans cet abécédaire.
Editions Partis pour