Onze Bruxelles – Philippe Remy-Wilkin
Début novembre 1918, un jeune militaire belge protégé du roi, opérant en civil, fonce sur sa mobylette à travers le « Pajottenland » vers une ferme où la sœur de son ami blessé est en situation difficile sous la menace de pseudo résistants, ceux qui veulent, à la dernière heure, s’offrir une image de combattant, de patriote convaincu et engagé dans le combat contre l’ennemi. Après quelques échanges de propos et d’horions, Il libère la jeune femme et la confie à un homme sûr qui saura la mettre en sécurité. Lui, il doit accomplir une autre mission confiée par le Roi lui-même, une mission secrète qu’il ne peut dévoiler à personne même à ses plus fidèles amis, supérieurs hiérarchiques ou élus politiques.
Il fonce vers la capitale à travers un invraisemblable chaos digne de la débâcle engendrée par certaines guerres. Les Belges pensent que la guerre est finie et veulent regagner leurs pénates bruxelloises, d’autres fuient dans l’autre sens, certains veulent se mêler à la bagarre de l’après-guerre par conviction politique ou par intérêt personnel. Mais le problème le plus aigu est créé par l’occupant lui-même où une rébellion s’est déclarée. A Berlin, Karl Liebknecht a décrété « la République socialiste libre d’Allemagne, la fin du Capitalisme et la dictature du Prolétariat ». Les soldats allemands dont certains avaient déjà fraternité avec les Anglais à l’occasion d’un match de foot improvisé entre les lignes ennemies, déclare « la fondation du Conseil des Soldats de Bruxelles » qui prend localement le pouvoir avec « l’appui du Conseil des Commissaires du peuple, à Berlin ».
La pagaille est énorme, les Allemands se battent entre eux, les francs-tireurs belges tirent sur les ennemis en déroute, les pilleurs sont de plus en plus actifs tout comme les citoyens qui manquent de tout et pensent le trouver dans les wagons bloquer dans les gares. Mais, dans les Wagons, il y aa aussi des armes et des munitions qui trouvent vite preneurs et utilisateurs. Les Allemands ne peuvent plus assurer la sécurité, les Belges n’ont que très peu de moyens, c’est l’anarchie ! Valentin doit accomplir sa mission au plus vite, il doit faire rentrer en Belgique un homme politique important à qui le Roi veut confier un poste à responsabilité dans le nouveau gouvernement. L’homme a résisté à l’ennemi, il a été déporté en Allemagne, il faut l’extraire de sa cellule et le ramener à Bruxelles où sa présence est nécessaire pour constituer le nouveau gouvernement.
C’est cette course effrénée, toutes les péripéties qui agitent le milieu politique, les velléités de révolution, les émeutes populaires, …, que raconte l’auteur. Tout un ensemble de faits plus ou moins importants qui ont décidé du sort de la Belgique et un peu celui de l’Allemagne et de l’Europe. C’est le début de l’affrontement entre démocrates socialistes et spartakistes pour s’emparer des lambeaux du pouvoir impérial. L’affrontement qui conduira à la guerre suivante… comme l’ont raconté des historiens comme William Shirer, Markus Enzensberger et de nombreux autres.
Le sort de la Belgique se joue entre les forces révolutionnaires et celles restées fidèles au Roi cherchant à rétablir le pouvoir précédent. Tout un ensemble de tractations, d’alliances de circonstance, de manœuvres politiciennes, de cabales diverses sur fond d’émeutes accouchent de ce que sera la Belgique du XX° siècle. Des faits que beaucoup ont oubliés, ils ne semblaient sans doute pas assez importants à ceux qui ont écrits l’histoire de la Belgique pendant la libération de 1918, à la onzième minute, de la onzième heure du onzième jour du onzième mois de l’année 1918. Un exercice de mémoire pou remettre chacun à sa place et dans ses actes.
Merci à l’auteur d’avoir remis les pendules à l’heure et d’avoir comblé certaines lacunes dont les miennes.
Editions SAMSA