La Dame blanche – Philippe Remy-Wilkin
Philippe Remy-Wilkin passe du noir au blanc après avoir publié un roman noir, « Sœurs noires », il propose chez Lamiroy, dans la collection Crépuscule, une histoire toute aussi noire intitulée cette fois « La Dame blanche ». La collection Crépuscule et la version noire de la collection Opuscule des Editions Lamiroy, des nouvelles d’un petit format d’une cinquantaine de pages écrites chaque semaine par un nouvel auteur .
Cette dernière nouvelle raconte la vengeance d’une fille sauvagement brûlée pendant la dernière guerre mondiale dans la région de Malmedy à la frontière belgo-allemande où les germanophiles et les belgophilies cohabitent particulièrement mal au moment où Hitler veut rattacher cette région belge à son Reich. Après la guerre, les stigmates des combats et des différends culturels et politiques sont encore à vif. Par une nuit, dans la vallée de la Warche, Walter Schmald, notaire, ancien résistant belge, emmène Josef Braggard à la rencontre de son frère Paul qu’il n’a pas vu depuis l’invasion allemande. Josef fait partie des « Malgré nous » ceux qui ont été enrôlés de force dans la Wehrmacht parce qu’ils appartenaient aux minorités allemandes. Paul, lui, a pu échapper à la conscription et se réfugier aux Pays-Bas pendant que son frère combattait sur le front de l’Est.
Josef a été dupé, ils sont rejoints dans un bois où ils ont fait halte, par deux membres des forces collaboratrices belges ralliées à Hitler. Le notaire et les deux collabos ainsi réunies le neutralisent et exigent qu’il révèle où est caché le trésor que son grand père aurait caché quand il s’enrichissait en pratiquant la contrebande aux confins de l’Allemagne, la Belgique et la Hollande. Ce trésor n’a jamais existé, sa sœur l’a imaginé pour épater la fille du notaire. Josef est sauvé par l’intervention d’une voix de femme qui hurle et par un voile blanc qui se déplace dans les ruines d’un château voisin, les crapules prennent peur, l’allusion a une vieille légende locale les effraie…
Cette nouvelle évoque les règlements de comptes, les purges aveugles, les éliminations opportunes pour certains, …, toutes les exactions commises trop souvent par ceux qui ont attendu le dernier moment pour être sûrs de rejoindre le bon camp, celui des vainqueurs. Il pose aussi le problème des territoires frontaliers ballotés entre deux nations toujours concurrentes dont les populations sont les premières victimes de tous les conflits les opposant.
La marge est parfois si mince entre les bourreaux et leurs victimes que Josef s’interroge, après son passage sur le front de l’Est dont il s’est évadé miraculeusement : « il y a déjà eu tant et tant de malheurs dans notre communauté…. L’heure de la réconciliation est-elle venue ? ». Cette histoire mythologie et fantastique mais tellement réelle apporte les premiers éléments de réponse à cette brûlante question.
Lamiroy