Incandescence – Tatiana Gerkens
Et voilà encore une nouvelle pépite dans la déjà longue liste de poétesses et poètes découverts par Claude Donnay aux Editions Bleu d’encre. Dans ce petit recueil, un véritable buisson ardent de mots et de vers, Tatiana se jette avec une ardeur brûlante, dévorante, dans des textes exprimant un érotisme foudroyant consumant les sexes et les chairs dans un embrasement spontané dévorant tout sur son passage comme les flammes dévastent les forêts pendant les étés caniculaires.
« Lépreuse ardente / Je te contamine de mon impatience ».
« Un baiser comme une déchirure / Le goût du sang au plus fort de la brûlure ».
C’est un véritable dégoulinement de mots qui sourd comme de la lave en fusion des pages de ce recueil en des vers libres comme les amours évoquées par l’auteure, ne connaissant pour uniques limites que le seul plaisir que leur lecture peut provoquer. Sexes ardents, chairs en feu, emportant les amants dans des étreintes fougueuses qui les consument.
« Et je dévore les lèvres des histoires / interdites / je transgresse les lois des vivants / Je lèche la plaie béante des nuits sacrilèges / la pierre aigüe du silence / l’écorce noire du plaisir // … ».
Certes Tatiana met le feu dans ses vers, son champ lexical est peuplé de mots feu, brûlure, sang, embrasement, étreinte, …, mais elle a une telle maîtrise des mots que ses textes s’enflamment avec légèreté s’élançant comme une flamme dans un feu de broussailles. J’ai trouvé dans ses poèmes un souffle violent comme un vent saharien avivant les flammes et embrasant tout ce qu’il rencontre.
« Il y a le supplice / qui précède le plaisir / aux soupirs des chevauchées », comme disait un grand auteur le plaisir est au maximum quand on monte l’escalier. Je ne me souviens pas du texte exact mais ça voulait bien dire que l’attente du plaisir qui va venir très vite est l’apothéose de ce plaisir.
Après l’étreinte vient l’union qui soude les amants, « Appeler la vie à se dresser / grandir / forcer / mon ventre dégainé d’attendre ». L’union qui s’épuise dans l’explosion des sens et après l’embrasement revient le calme, la quiétude et peut-être la monotonie : « … // Rien ne reste de cet hiver / sinon un rire / dans l’écorce noire du ciel // J’ai perdu ton visage en retrouvant ma liberté ».
Ce recueil est une véritable histoire d’amour, l’histoire d’un coup de foudre qui embrase et emporte tout sur son passage puis s’éteint quand la matière fissible est épuisée. Il peut être aussi lu comme une métaphore des incendies gigantesques qui ont emporté des forêts entières au cours du dernier été.
Ce recueil m’a enflammé, s’il avait été plus long je crois qu’il m’aurait consumé.
Bleu d’encre