La boussole des rêves – Jean-Jacques Marimbert
La première chose que j’ai vue en prenant ce recueil, après la qualité de l’édition, c’est la sérénité qui se dégage aussi bien des personnages des douze dessins, en noir et blanc, à la mine de plomb, qui l’illustrent que celle qui se dégage des textes. Sérénité, quiétude, irénisme, paix, calme et beauté sont les premiers mots qui viennent à l’esprit après la lecture de quelques textes seulement et la contemplation des dessins. Ce sont des reproductions, de la main de l’auteur, qui représentent des statues célèbres figurant dans des grands musées. L’auteur écrit dans une note que les dessins « se réfèrent à des œuvres « d’un musée imaginaire », et tiennent lieu de rosace de la Boussole des rêves… ».
Chaque texte est composé de quatre à une dizaine de quatrains en vers libres, et souvent de sonnets irréguliers (libres de toute rime). Dans ces vers, j’ai trouvé que le mot avait plus d’importance que la phrase, comme si l’auteur avait voulu associer des mots-images pour représenter un paysage, une scène, … pour en dire la beauté, l’intensité, l’émotion dégagées… pour impressionner le lecteur, marquer ses sens…
« Croyance en la beauté. J’ai cru. Seule elle peut,
Je l’ai cru, tatoué sur ma langue, sur mes yeux,
La beauté, vaincre la tempête, crachats du ciel,
Nuées d’oiseaux noirs. La beauté, où, des mots,
…. »
J’ai eu le sentiments que l’auteur voulait confier à ses mots la charge d’émotion, les impressions, les sensations qu’il voulait faire ressentir à ses lecteurs, tout ce qu’il avait lui-même éprouvé dans les mêmes circonstances. Ces mots disent, suggèrent, évoquent…
« Lit défait, draps humides, la nuit, et le froid
… »
Ses mots voyagent sur les ailes du vent, dans l’espace, dans l’ailleurs, au-dessus des mers, par-dessus les sables, sur les monts et les vallées. Ils parcourent les légendes, les contes et les fables, les mythologies à la recherche des vérités originelles, des forces de la nature et des faiblesses des hommes…
« … aussi violent
Que doux, ravivant ce que j’espérais oublier à jamais,
Ou mots surgis d’une ombre inexistante, origine de la
Métaphysique, qui sait. Sommeil envolé et des images
Brisées des plis d’un drapé médiéval enserrant la nuit. »
Des mots qui disent la vie, la mort, la nature comme on ne la voit plus, des émotions qui explosent, des sentiments et des sensations qui se déversent en flots versifiés, le flamboiement du soleil et des couleurs et la nuit sombre.
Des mots qui voyagent et qui chantent…
« Sindibad de Bassorah, Cristoforo de Gênes,
Marco Polo, serviteur de l’empereur mongol,
En paix à San Lorenzo, James Cook, Captain,
Mort à Hawaï, La Pérouse né au Gô, disparu
A Vanikoro, … »
Une exploration de l’espace entre les mots et les images et de leur fusion possible … Une vision du monde loin de nos préoccupations sanitaires quotidiennes, une vison de l’espace et de la vie au-delà des limites que nous nous sommes fixées.
Le chat polaire