Le chat qui venait du ciel – Takashi Hiraide
Les écrivains nippons semblent beaucoup aimer les chats, ils en parlent souvent dans leurs textes, et certains comme Hiraide et Nosaka (Nosaka aime les chats chez Picquier également) leur ont carrément consacré un livre. Si les japonais écrivent sur les chats, les Français, eux, semblent bien apprécier les livres qui leur sont consacrés, c’est ainsi que ce livre d’Hiraide est édité pour la troisième fois par les Editions Picquier. Ce texte présenté comme un roman m’a paru ressembler à un conte même si certains prétendent qu’il est très proche de la réalité autobiographique.
Un jeune couple, lui écrit, elle relit et corrige, qui s’installe dans la vie déniche un petit pavillon isolé au fond d’un immense jardin dépendant d’une vaste maison. Ce pavillon leur convient particulièrement bien même si la propriétaire est un peu rigide, elle refuse que ses locataires aient des enfants et des chats. Comme ce jeune couple n’a pas un désir immédiat de maternité et ne possède aucun animal domestique, il accepte cette contrainte sans rechigner. Les deux jeunes époux s’adonnent à leur tache respective sans se préoccuper de ce qui se passe dans le jardin même s’ils apprécient énormément la nature qui les entoure et pensent qu’ils sont particulièrement chanceux d’avoir déniché ce pavillon isolé.
J’allais oublier, les excellentes illustrations de Qu Lan qui donnent tout son éclat à cette nouvelle édition.
Mais dans la vie on ne fait pas que choisir, on peut être aussi choisi, l’écrivain remarque un jour un petit chat malicieux et espiègle qui s’évertue à franchir la clôture que la propriétaire lui interdit de dépasser. Progressivement, à force de persévérance, il parvient à pénétrer dans le jardinet du jeune couple, puis à force de mimiques et de séduction, il parvient à conquérir l’attention et l’affection du jeune couple qui l’adopte définitivement malgré l’interdit de la propriétaire. Celle-ci sans jamais l’avouer finit elle aussi par succomber au charme du charmant animal. Dès lors ce chat devient le pivot de la vie de ce jeune couple et des autres habitants de la grande maison, c’est lui qui dicte le rythme de leur vie, ils doivent tous se plier à ses caprices sous peine de les priver de sa présence.
Hiraide est avant tout un poète et il écrit ce livre comme un poète avec une écriture douce, sensuelle, descriptive, aucun détail n’échappe à son attention. Avec lui l’animal devient un personnage évanescent, on ne sait pas toujours où il est, s’il est parti pour toujours ou pour un jour, s’il reviendra, s’il est mortel ou non. On dirait un personnage de Saint Exupéry, un animal qui aurait la sagesse originelle de la bête et la conscience de l’humain. Ainsi cet animal que le poète rend presque mythologique, devient le centre du monde de ce jeune couple, l’isolant des tracasseries du monde trivial mais l’inondant des inquiétudes générées par ses absences et ses faiblesses. La morale de ce conte serait de montrer que l’insouciance, l’indépendance et l’espièglerie du chaton sont plus sages que la folie des hommes.
J’allais oublier, les excellentes illustrations de Qu Lan qui donnent tout son éclat à cette nouvelle édition