Les nuits blanches – Dostoïevski
Ce roman de Dostoïevski peu paraître bien mièvre, une pâle copie de tous les romans d’amour russes dégoulinant du romantisme slave qui a inondé une bonne partie de la littérature russophone du XVIII° siècle à au début du XX° . Dans cette intrigue le narrateur raconte comment, par un soir d’insomnie, il a rencontré une jeune femme éplorée. Il lui confie ses propres malheurs et, à son tour, elle lui révèle qu’elle est amoureuse d’un jeune homme qui lui a donné rendez-vous un an plus tard, ce soir justement, et il n’est pas là. Le narrateur console la jeune fille et lui conseille la patience qu’il partage avec elle, revenant quatre soirs de suite partager son attente. L’amoureux ne se manifestant pas, le jeune homme dévoile son amour à la jeune fille qui l’accepte avec empressement mais, comme dans tous les romans d’amour, tout ne se passe pas comme les amoureux l’ont prévu…
Une histoire d’une grande banalité que le narrateur fait traîner en longueur pour que le roman, déjà bien mince, ne soit pas trop court. Un roman qu’il ne faut pas lire le soir au lit tant il dégouline de larmes qui pourraient inonder votre couche. Un roman qui pourrait tout juste figurer dans une collection pour midinette. Michel del Castillo dans sa Lecture, proposée en fin d’ouvrage, ouvre des horizons beaucoup plus crédibles. Manifestement, il n’aime pas Dostoïevski, l’homme, pas l’auteur, il le soupçonne de ne dépeindre que des personnages pervers, mal intentionnés… A propos de ce court roman sirupeux et dégoulinant de romantisme à souhait, il décrète : « Tous ses personnages, jusqu’aux plus purs, participent de cette crapulerie sournoise. Tous, à des degrés divers, cèdent à la volupté des remords pathétiques et des saloperies apitoyées ». Il ne croit pas un instant à la sincérité des sentiments des personnages, il les soupçonne tous de n’être que des manipulateurs, des tartuffes, de hypocrites.
Je partage volontiers cette lecture qui propose de voir ce roman comme une parodie, une parodie de la vieille littérature russe, une parodie du romantisme slave sirupeux, une parodie de personnages faux-culs… Ce livre ne serait donc qu’une dénonciation des autorités et des écrivains russes qui l’ont souvent rejeté violemment. Cette analyse me convient plutôt bien car je ne peux pas concevoir que Dostoïevski ait imaginé une intrigue aussi médiocre.