Streets (Loufoqueries citadines) – Eric Dejaeger
Dans ce recueil Eric Dejaeger nous invite à parcourir les rues d’une ville imaginaire, quatre-vingt-dix-neuf rues qu’il décrit chacune à travers un poème qui donne le sens du nom de chacune. Il nous convie à traverser sa ville comme on traverse sa vie, en rencontrant mille aléas. Le poète, même s’il a mis un peu d’eau dans son vitriol, conserve un regard perçant sur tout ce qui l’entoure car :
Dans la Rue
des Etoiles Filantes
Il ne faut pas marcher
le nez en l’air…
Et si on ne marche pas le nez en l’air, on peut faire de drôles de rencontres, on peut même se rencontrer soi-même.
On a constamment
l’impression
d’avancer
à la rencontre
de soi-même…
Les réflexions du poète sont souvent drôles, parfois surréalistes, souvent très pertinentes, quelquefois sarcastiques mais toujours très justes. Et dans certains poèmes, il laisse même sourdre un certains sarcasme à propos des philosophes et ses poètes qui ne font pas toujours honneur à leur art.
La rue des Philosophes
est l’une des moins
fréquentées
mais des plus
encombrées.
La Rue du Poète Classique
est perpendiculaire
en son milieu avec
la rue du Poète libéré.
Un petit clin d’œil au surréalisme dont Eric est, comme chacun le sait, l’un des grands prêtres.
La Rue du Surréalisme
commence quelque part
& finit
On ne sait où.
Un signe de complicité aux épicuriens
La Rue de la Soif
est la plus courte
de la ville
mais elle paraît
excessivement longue
à certains.
Et un bon coup de pied aux fesses des politiciens qui embrouillent trop souvent la vie des poètes et des philosophes.
Il est assez dangereux
de s’aventurer
dans la Rue des Politiciens :
il faut éviter
les coups de langues de bois
les jets de pot-de-vin
les rafales de fausses promesses
& autres armes
De destruction massive
De la démocratie.
Un recueil drôle, inventif, impertinent, même si l l’auteur y fait preuve de moins de virulence que dans des textes précédents, tout est plus doux, plus insidieux peut-être ? Une rupture ? Plus certainement un écart temporaire, un détour, une pause rafraîchissante… au final un bon moment de lecture en harmonie avec les douces journées de printemps qui ont accueilli cette publication.