Le petit café qui parle – Anita Vaillancourt
Pour écrire la chronique du petit café où elle aime boire son petit noir, Anita Vaillancourt a choisi de donner la parole au breuvage lui-même, prenant ainsi une certaine distance avec les personnes qui y travaillent ou celles qui le fréquentent comme simples consommateurs. Si Anita a choisi de parler de ce café, c’est qu’elle apprécie tout particulièrement l’ambiance qui y règne grâce aux propriétaires Roubina et Harout, elle Libanaise, lui Arménien. J’ai vraiment l’impression qu’elle voulait rendre hommage à leur grande disponibilité, à leur générosité, à leur humanité, à leur convivialité,… Pour Anita, ce café est un vrai lieu de rencontre avec un couple formidable et avec des personnes heureuses de déguster un bon petit café dans un endroit chaleureux tenu par un couple accueillant.
Le petit café sous toutes les formes proposées par Harout et Roubina, se balade de table en table pour satisfaire l’envie ou le plaisir des clients mais le petit café, il n’a pas ses yeux dans ses poches, il observe, il voit le bonheur des uns, le malheur des autres, les délicates attentions des propriétaires qui essaient de panser les plaies des uns tout en se réjouissant du bonheur des autres même si certains clients ne méritent pas de telles attentions.
Cet établissement n’a pas que son petit café qui parle pour satisfaire sa clientèle, il a aussi, grâce la grande culture de ses propriétaires, liée à leurs origines, ils parlent tous les deux de multiples langues, il a aussi une somme de connaissances à transmettre à ceux qui, comme le petit café qui parle, savent écouter. Et, comme Anita, le doux breuvage est curieux de toutes les nouvelles connaissances qui passent à portée de ses oreilles, il ne les laisse pas passer, il les enregistre dans sa mémoire. Il sait aussi, comme Anita encore, être attentif à toutes les émotions qui circulent dans l’établissement où il est servi, sa sensibilité est à fleur de tasse. C’est une grande joie pour lui, comme pour les clients, quand une ou un artiste se produit dans l’établissement pour un moment de musique, de poésie ou pour une exposition de peinture… celles d’Anita peut-être ? « Je suis un Café qui parle, je suis un Café qui écoute, je suis un Café qui retient… »
Cette petite balade au fond d’une tasse a été pour Anita l’occasion de nous répéter son éternel message : nous sommes malheureux parce que nous ne savons pas être heureux, nous plaçons les choses inutiles et nuisibles au sommet de nos préoccupations, nous sommes incapables d’accomplir toutes les petites choses qui suffisent à rendre les autres heureux, si chacun portait un peu plus d’attention à son voisin, le monde nagerait dans le bonheur car : « le Bonheur il est en toi. Il s’agit pour toi de le nourrir. Aimer. Aimer. Aimer. Voilà la plus merveilleuse des recettes ». « Nous vivons dans un monde de souffrances », parce que nous ne savons cultiver notre bonheur.
Avec cette petite chronique de son café préféré, Anita délivre un hymne à la vie, à la joie de vivre, au bonheur qu’il faut vivre chaque jour, chaque minute, sans en gaspiller la moindre miette. Ils en ont de la chance Roubina et Harout d’avoir une cliente comme Anita !