La lanterne de l’aubépine – Seamus Heaney
Dans ce recueil de poésie, Seamus Heaney chante sa famille, ses amis, son village perdu dans la campagne, l’Ulster, l’Irlande, les héros mythiques fondateurs de cette nation éclatée après l’intrusion du voisin saxon. Il n’oublie pas les racines mythiques de ce peuple fier, cherchant ses références aussi bien dans la Bible, Beowulf ou les poètes et prosateurs des siècles derniers dans un oecuménisme littéraire qui pourrait réconcilier les comtés séparés.
J’étais le dernier comte à cheval dans le courant
Parlementant toujours, à portée de voix de ses pairs.
Un peuple fier et courageux mais aussi très bagarreur, croyant facilement en tout ce qu’on peut lui faire croire.
…
que le percement du canal de Panama
provoquerait l’écoulement de l’océan
et la disparition de l’île par agrandissement.
Un peuple divisé qui n’arrive pas à oublier les vieilles haines qui ont opposé leurs ancêtres.
Un pavé lancé il y a un siècle
Continue de me parvenir, première pierre
Jetée au front d’une arrière grand-mère renégate.
Le poney bronche et c’est l’émeute.
Deux clans qui ne parviennent plus à communiquer, où à l’époque où Heaney a écrit ses vers, il était encore bien difficile de passer d’une partie à l’autre de l’île.
Et soudain tu es au-delà, suspect mais libre,
comme ayant gagné au travers d’une cascade
le sombre courant d’une route asphaltée.
Heaney catholique né dans la partie protestante de l’île, implore dans ses vers ses concitoyens d’oublier les vieilles querelles et de refonder la belle et fière nation qui peuplait l’Irlande avant l’arrivée des Saxons.
Aussi, avant de quitter ta maison bien rangée,
Prions. Que l’humus et le guéret,
Noircis par le sang des Celtes et des Saxons,
Seamus a été entendu, en partie au moins, son chant ne s’est pas perdu dans les landes de la verte Erin même si certains peinent encore à oublier et à pardonner.