De l’autre côté de la rivière, Sibylla – Edmée de Xhavée
C’est la vie difficile, douloureuse est parfois même cruelle de ces deux enfants qu’Edmée met en scène dans ce livre avec ses mariages sans réel amour, ses accidents, un peu trop nombreux à mon goût, ses guéguerres et ses rivalités de personnes, de familles, de clans, … Ces enfants mettront longtemps avant de sortir du carcan familial et de suivre le chemin de leur mère qui avait préféré la liberté et la joie de vivre à une vie de riche douairière austère et triste ou de banale commerçante enrichie.
Ce roman rappelle évidemment le précédent écrit par Edmée, « Les Romanichels » : même milieu rural, même société provinciale, mêmes difficultés récurrentes pour les femmes essayant de s’extraire du carcan familial, mêmes rivalités entre une aristocratie anachronique et une bourgeoisie enrichie mais cette fois ce n’est pas seulement le sort des femmes qui est disséqué, c’est l’éducation des enfants et leur construction pour devenir adulte qui est au centre de l’œuvre.
Edmée est très à l’aise dans la dissection des relations dans les couples qui sont presque toujours mal équilibrés. Elle ne semble pas beaucoup croire à la pérennité des couples qui explosent presque toujours, par manque d’amour, dans ses livres. Ainsi le couple n’est même plus un refuge contre les cruautés de la vie. Les femmes se retrouvent souvent seules face à un destin qui est souvent contraire et parfois même cruel. On dirait qu’Edmée est un peu désabusée et qu’elle regarde la vie avec un regard à la fois amer et acide comme si elle souffrait encore de blessures mal cicatrisées. Cependant, elle ne sombre jamais dans un pessimisme outrancier car elle réserve toujours une porte de sortie agréable à ceux qui savent aimer par amour ou amitié. Le bonheur et la joie sont possible dans l’œuvre d’Edmée mais seulement à ceux qui ont payé un lourd tribut de douleur et de sacrifices.
Un livre sombre, plus sombre que le précédent, comme si l’auteur perdait un peu de son enthousiasme en considérant l’évolution actuelle de la société. Mais, l’espoir n’est pas mort les sages sauront dénicher le bonheur dans les recoins de notre monde.
Comme tu le sais, Denis… je ne suis pas réellement désabusée, ni même contre le mariage, que je ne pense pas voué à l’échec Mais certains sont basés sur de trop mauvais éléments pour pouvoir durer autrement que par l’apparence, et alors la cruauté peut s’installer…