31 mai 2016 ~ 0 Commentaire

Je respire discrètement par le nez – Fanny Chiarello

A propos de ce recueil, Fanny Chiarello n’est pas avare d’informations, elle met le lecteur à l’aise d’emblée en lui expliquant, dans un avant-propos, les conditions dans lesquelles la narratrice a écrit son texte. Elle vit dans un petit appartement, son zeppelin, elle précise : « A son bord, j’écris un roman dont le titre de travail est Saucisse mais qui prendra in fine celui, plus digne, de Le Zeppelin, parallèlement, je tiens un  journal qui pourrait s’appeler Journal du Zeppelin, mais non il s’appelle Je respire discrètement par le nez ». Etonné ! Fanny a déjà, selon sa bibliographie, écrit, en 2006, un livre qui porte ce même titre mais c’était un recueil de poésie, on pourrait ainsi penser que l’auteure n’est pas la narratrice. Dans ce journal, elle dessine, elle dispose des collages, des découpages, des pliages, des photos, des chansons qu’elle compose…  et surtout elle écrit des petits textes, des poèmes, des notes, des ébauches de textes ou poèmes, des réflexions. Elle raconte sa vie ou plutôt la vie qu’elle n’a pas, la vie qu’elle voudrait avoir, la vie qu’elle essaie de nous faire croire qu’elle a. « Ce serait bien de se promener sous un vrai soleil en tenant une main, et ce serait encore mieux avec quelqu’un au bout de cette main ».

A la lecture de ce recueil, on a, moi surtout, plutôt l’impression qu’elle s’ennuie à mourir, qu’elle s’invente une vie, des amis, un amour, une amoureuse qui la choierait et qu’elle câlinerait et peut-être un roman en écriture qui n’existe apparemment qu’à l’état de projet, jamais mis en chantier. Elle n’évoque jamais les instants qu’elle consacre à l’écriture. Pour meubler le vide de son existence et remplir son cœur de l’affection qu’elle ne reçoit pas ou plus, elle nomme, avec des noms de personne, ses animaux de compagnie ou ceux qu’elle rencontre régulièrement au cours de ses balades et même son vélo, se créant ainsi un monde palliatif. Mais ce subterfuge ne peut pas faire oublier au lecteur les passages qui dévoilent le mal être de la narratrice comme ceux où elle éprouve le besoin de sentir la réalité de son corps pour être convaincue de sa propre existence. « … tout ce qui emplit cet appartement  est un prolongement dans l’espace de mon corps et de ses besoins : c’est tangible. Je suis tangible ».

Ces morceaux de texte sont écrits avec une verve qui évoque le discours d’une personne qui parle trop vite, essayant de dire précipitamment beaucoup de choses pour être entendue, pour exister dans l’oreille des autres. On a l’impression que ces textes d’une belle qualité littéraire, fluides, vifs, alertes, traduisent la nervosité, l’hypersensibilité et les frustrations que la narratrice a subies pendant les deux années qu’elle a passées dans son zeppelin. Ce zeppelin que Claire Fasulo a joliment dessiné sur la couverture de ce recueil, celui qui a peut-être donné son titre à un roman et si ce roman existe un jour je voudrais à tout prix le lire car l’écriture de Fanny Chiarello m’a totalement séduit.

« Allez viens, toi qui n’étais rien pour moi hier encore, entre dans ma vie sois la bienvenue, tu trouveras facilement les commandes de mes fonctions vitales… ».

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