22 mai 2016 ~ 0 Commentaire

Honte et dignité – Dag Solstad

Un livre qui me laisse devant un réel paradoxe, il fait partie de ces œuvres qu’on est satisfait d’avoir lu car il pose des questions fondamentales sur la sens de la vie mais c’est un texte très difficile à appréhender dont la lecture est ardue et pénible. Dans une écriture qui semble être très élaborée dans la version originale mais qui parait avoir mal supporté le voyage dans la langue française, les traducteurs ne sont pas tous des Proust en puissance pour rendre en français limpide des phrases norvégiennes d’une page entière, l’auteur raconte l’errance introspective d’un professeur de norvégien qui est arrivé au bout de son enseignement qu’il n’a pas su faire évoluer comme sa vie familiale et sentimentale.

A Oslo, un professeur un peu soûlographe, après 25 ans d’enseignement, affronte sa classe de terminale qui ne l’aime pas beaucoup. Il leur enseigne une pièce d’Ibsen et notamment le rôle d’un personnage secondaire qui parait, a priori, plutôt anodin. Il constate qu’au fil des années, les élèves sont de moins en moins intéressés par son enseignement et qu’ils semblent même lui reprocher ses méthodes un peu anachroniques. Il leur reproche ce manque d’intérêt pour le patrimoine littéraire de leur pays qu’il est chargé de leur transmettre. Et, un beau jour, pour une raison futile, il craque et quitte le lycée avec la ferme intention de ne plus jamais y remettre les pieds.

Il erre alors dans les rues de la ville en se souvenant de sa jeunesse, de sa vie d’étudiant avec son ami doué et adulé, marié avec une superbe fille que lui a épousé quand cet ami s’est trouvé en échec et qu’il a tout plaqué pour partir refaire sa vie en Amérique. Il sait bien que ce mariage n’a été qu’un palliatif à la solitude pour cette femme abandonnée et la concrétisation d’un rêve inaccessible pour lui qui, cependant, a perdu beaucoup de son intérêt depuis que la beauté de son épouse a commencé à se faner. Dans cette errance, il mesure alors l’étendue de l’échec de sa vie professionnelle et familiale et constate qu’il n’a pas pu, pas su, donner un sens réel à sa vie.

Il était trop convaincu de ses certitudes, trop dépendant de son admiration pour son ami, trop aveuglé par la beauté de la femme de son ami qui allait devenir la sienne. Il se sent en marge de la société qui ne semble plus avoir besoin de lui, qui n’a rien fait pour lui, pense-t-il et l’a laissé dans l’impasse car son ego lui interdit de faire marche arrière en passant l’éponge sur son algarade et en reprenant sa vie là où il l’a laissée avant d’entreprendre cette errance dans la ville. Son échec est inéluctable, on le sait dès le début du livre et on le supporte tout au long de la lecture de ce texte besogneux qui répète, ressasse, s’enlise, dans un rythme lent, lent, peu digeste, étouffant comme la vie de ce prof qui n’a plus rien à dire, pas plus que l’auteur qui n’a pas grand-chose à rapporter alors il ressasse comme le professeur ressasse sa vie ratée.

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