Moi et toi – Niccolò Ammaniti
Lorenzo, fils d’une famille italienne nantie, fait croire à sa mère qu’il part pour un séjour de ski avec des amis mais en réalité il a organisé une réclusion dans la cave de l’immeuble où résident ses parents pour s’isoler du reste du monde pendant quelques jours. Lorenzo est un adolescent asocial couvé par sa mère, qui ne correspond pas très bien à l’idée que son père se fait d’un fils digne de lui. « Moi, je ne suis pas un humain, je me dis, je suis un Gnuzzo, un animal très moche et très agile créé dans un laboratoire d’Ombrie, qui a un seul et unique devoir dans la vie avant de mourir de sa belle mort. Défendre la Terre d’une météorite mortelle ».
Sa réclusion prend une tournure inédite quand sa demi-sœur le rejoint, par hasard, dans la cave en un huis clos détonnant : un garçon asocial perdu entre ses jeux vidéos, ses romans fantastiques et la brutale réalité de l’actualité qu’il mélange pour créer un monde artificiel que lui seul comprend, et une jeune femme qui fut très belle mais désormais rongée par la drogue. Entre ces deux êtres naufragés sur les rives de la société bourgeoise romaine s’instaure une cohabitation houleuse qui prend une tournure différente quand les deux jeunes gens prennent conscience de leurs blessures respectives.
Quel dommage que l’auteur n’ait pas, à mon avis, su exploiter toutes les possibilités de ce huis clos qui tourne court trop vite et laisse le lecteur sur sa faim. Il reste tout de même un regard sans concession sur les enfants de riches qui ne trouvent pas leur place dans la société, qui ne parviennent pas à satisfaire leurs désirs en obtenant trop facilement ce qu’ils veulent et qui ne répondent pas aux ambitions que leurs parents formulent pour eux mais surtout à travers eux. Une diatribe sans fioriture jetée à la face de la société des nantis qui ne pense qu’à satisfaire son présent en essayant de fabriquer des enfants à leur image sans se préoccuper de leur avenir.