28 janvier 2016 ~ 0 Commentaire

Penchants Retors – Éric Allard

Par un dimanche pluvieux de mars, réfugiés avec quelques amis des lettres dans cette taverne bruxelloise que fréquentaient Magritte et une bande de surréalistes, « La Fleur en papier doré », Eric Allard m’a offert, en guise de cadeau de bienvenue, le premier livre qu’il a publié, en 2009, « Penchants retors ». Je viens de déguster ce recueil d‘une bonne centaine de textes courts, même parfois très courts, que les surréalistes n’auraient certainement pas reniés même si Eric exhibe plus la réalité qu’on ne veut pas voir plutôt que la réalité invisible que les amis de Magritte voulaient montrer. Dans ces textes, Il manie avec adresse et talent, le paradoxe, la dérision et l’absurdité dans un langage cru, cruel, charnel, toujours juste et ajusté, pour évoquer l’exploration des corps, les rapports conjugaux ou familiaux, les relations amoureuses et sociales mais surtout la sensualité charnelle, la perversion sexuelle à la limite du raffinement là où se niche le délice érotique.

Mais cette exhibition sensuelle, charnelle, érotique, à la limite de la perversité, cache mal une certaine façon de dénoncer, de stigmatiser, toutes les stupidités de notre société pervertie, la puérilité des pouvoirs, de toute nature, qui polluent notre quotidien, l’incongruité qui encombre sans cesse notre existence. Une manière de nous rappeler que nous avons certainement perdu notre innocence originelle et que nous avons sombré dans le vice et la perversion, victimes de la soif d’avoir, de posséder et de dominer.

Un joli moment de lecture, une gourmandise littéraire – « Depuis que j’ai une maîtresse en chocolat, je mange des caresses chaque fois que je la vois. » – où la crudité sexuelle du langage masque bien mal la sensibilité à fleur de peau de l’auteur et un certain fantasme libertaire inavoué. Ce qui est sûr c’est que nous ne pourrons pas reprocher à Eric de s’être livré avec retenue : « Je me suis déshabillé et j’ai tout vidé : foie, pancréas, glaires et graisses ; cœur, sang, bile, colonne sans fin de l’intestin grêle. »

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