27 août 2015 ~ 0 Commentaire

Le Sel et le Miel – Candi Miller

Candi Miller a voulu, à travers une grande tragédie, évoquer le sort cruel des peuples du désert qu’elle a côtoyés pendant de longues semaines au cœur du Kalahari, mais elle n’a réussi, in fine, qu’à nous proposer un mélodrame bien trop prévisible et bien trop attendu sur des thèmes qui sont maintenant un peu éculés même s’il est toujours nécessaire de rappeler le sort de ceux qui souffrent le plus.

En 1958, dans ce qui était alors le Sud Ouest Africain et qui allait devenir la Namibie, une petite famille de Bochimans, le père, la mère, la fille et la grand-mère qui veut mourir là où elle a connu son mari, s’approche un peu trop près de la ferme d’Etienne Marais, le /Ton, le Boer qui exploite cette terre qui faisait autrefois partie du territoire de chasse de ces nomades. Ils tuent une femelle oryx qui portait un fœtus qu’ils prélèvent pour accomplir les rites funéraires qui doivent précéder l’abandon de la grand-mère sur le lieu qu’elle a choisi pour terminer sa vie et rejoindre son mari aux royaumes des esprits.

Les Boers ne supportent pas l’intrusion des Bochimans et le traitement infligé à l’oryx, ils donnent la chasse à la petite troupe et, quand ils la rejoignent, la rencontre tourne vite au carnage, le père et la mère bochimans sont tués tout comme Etienne Marais le propriétaire de la ferme. Les chasseurs ramènent, Koba, la jeune Bochimane à la ferme où Marta, la belle-sœur d’Etienne, la recueille et décide de l’emmener avec sa famille en Afrique du Sud, dans le bush, où elle connait des grottes décorées de peintures rupestres bochimanes qui pourraient permettre à la jeune nomade de se construire sur les fondements de sa culture et d’ensuite rejoindre sa tribu pour lui apporter celle des Blancs. Mais une véritable dispute, telle celle de Valladolid, s’instaure pour savoir si les nomades du désert doivent rester en leur état primaire ou accéder à la culture des Blancs. Tous ne considèrent pas que ces peuples appartiennent à l’humanité, certains les considèrent simplement comme un état entre le genre humain et le règne animal.

Malgré cela, la jeune fille se construit une vie dans sa grotte mais noue des liens de plus en plus forts avec le fils de Marta qui a assisté à la tuerie lui aussi. Et, ensemble, ils vont devoir affronter la ségrégation, le racisme, l’apartheid stupide et brutal et tous les préjugés des Blancs comme des Noirs à l’encontre des Jaunes, les Bochimans. Cette tragédie qui vire rapidement au mélo, est fondée sur l’opposition entre les peuples mais aussi sur les relations sentimentales et les affrontements qui existaient entre les deux frères Marais, leurs épouses respectives et même leurs enfants.

Ce récit aurait pu constituer un excellent livre et l’auteur aurait pu être comparé, comme le fait l’éditeur, à Karen Blixen et Nadine Gordimer mais il est tout de même bien difficile de le suivre sur ce chemin, tout est trop convenu et trop simpliste, même l’écriture, pour abonder dans ce sens. Ce texte reste toutefois un réquisitoire sans concession contre le racisme et la ségrégation sous toutes leurs formes.

« Marta ne put s’empêcher de remarquer qu’avec la boue, on ne voyait plus qui était blanc et qui ne l’était pas. » Seule la boue pourrait-elle faire disparaître les différences entre les hommes ?

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